HISTOIRE DE LA DENTELLE

Les débuts de la dentelle

Egyptiens faisant du filet

A quelle époque à t'on commencé à faire de la dentelle ?

C'est une question que tous les auteurs se sont posée.

Quelques uns l'ont tranchée en disant que l'origine de la dentelle se perdait dans la nuit des temps, et qu'on avait tout lieu de croire, qu'elle avait été connue dans l'antiquité.

Cependant le luxe asiatique et romain ne connut pas la dentelle.
Il manqua à la pourpre et à l'or dont se couvrirent les Césars, cet ornement riche, gracieux, précieux.

Mais, depuis les recherches successives, et de plus en plus précises, il n'est plus possible de douter qu'avant le XV ème siècle on ne connait aucun document certain prouvant l'existence de la dentelle.

Ces assertions sur l'origine de la dentelle sont confirmées, d'ailleurs, par des observations philologiques. Les dictionnaires français et les glossaires du XVI ème siècle, d'Henri Estienne, de Nicod, de Monnet...tous antérieurs aux premières éditions de l'Académie française, ne contiennent pas le mot : Dentelle.

Que dans l'Orient, berceau de nos industries, on ait fait antérieurement des tissus légers, comme la gaze, la mousseline, le filet, cela est certain. 

Que ces tissus aient servis de voiles, d'écharpes et à d'autres emplois analogues à celui de la dentelle ; que des femmes les aients ornés de broderies, ou en aient tiré certains fils, c'est l'explication la plus vraisemblable des textes anciens dont nous venons de parler.

Presque simultanément parut la dentelle nouée et nattée. Ces dentelles nouées se faisaient dans tous les couvents, exclusivement pour l'usage de l'Eglise. 

La renaissance de ces dentelles appliquées aux usages profanes commença vers 1450.

Tous  ces travaux du fils nous conduisent à une mode nouvelle parut en Italie qui ornait le cou des femmes et des hommes d'un col en toile tuyautée qu'on appelait fraise. Les Médicis, par leurs alliances de famille avec la cour de France, apportèrent cette mode et bientôt elle gagna toute l'Europe. Ce n'était pas qu'elle fût commode quand on en exagéra les dimensions. Les auteurs du temps, parlant des ces collerettes, les décrivent

"gaudronnées en tuyaux d'orgue, fraisées en choux crépus, et grandes commes des meules de moulins".

Les poètes s'en moquent, et on lit dans la pièce intitulées Vertus et propriétés des Mignons de 1576 : 

"Le col ne se toune à leur aise dans le long reply de leur fraise".

Mais ce qui nous intéresse, c'est que cette mode motiva l'emploi d'une quantité énorme de dentelle pour border ces collerettes et les manchettes assorties.

Venise devient de plus en plus le centre de la production de dentelles : il s'y fait un commerce considérable de ces cols et manchettes que portent partout les hommes aussi bien que les femmes de qualité.

Le plus ancien tableau peu être, qui montre de la dentelle est un portrait de dame qui est au musée de Venise et dont l'auteur est Carpaccio, mort en 1515.

C'est dans cette proportion que nous comprennons la mention de
"dentelles anciennes" donnée dans un  inventaire de 1598 à celles qui garnissaient le lit de J.-B Valier, évêque de Cividale di Belluno.

Malgré le trés grand succés qu'eurent dés leur début les dentelles de Venise, elles recontraient des oppositions même en leur pays. Des officiers de la République portant le titre de Proveditori alle Pompe rendirent plusieurs ordonnances interdisant de les porter, sous peine de 200 ducats d'amende.

Cependant, en 1574,  lors du passage à Venise du roi de France Henri III, on déclara qu'il serait permis aux dames invitées de porter tous vêtements, ornements et joyaux quelconques "même ceux visés dans les ordonnances".

Henri III rapporta certainement de ce voyage un goût très vif pour toutes les coquetteries.

Aussi le voit-on si jaloux d'avoir des fraises irréprochables qu'il ne dédaignait pas de les repasser lui-même avec le fer à plisser.

Et contrairement à l'opinion générale, ce n'est pas l'influence du goût féminin qui à produit les dentelles les plus remarquables ; c'est quand les hommes se sont décidés à porter des dentelles que les dessins ont pris un caractère artistique très tranché. N'en déplaise aux hommes qui critiquent le luxe des femmes, il est incontestable que les pièces les plus dispendieuses en dentelle ont été faites pour les costumes de cour des grands seigneurs ou pour les aubes et les rochets des prélats.

Les carrosses, qui commençaient à être beaucoup plus nombreux depuis qu'on faisait partout les routes royales remplaçant les mauvais chemins du moyen âge, étaient aussi garnis de dentelles à l'intérieur et tout autour de leurs grands châssis ouverts.

Ces exagérations avaient fort contrarié Henri IV qui cependant était bon prince, fort endurant et même tout disposé à encourager le progrés des industries dans son royaume. C'est lui qui, en 1607, avait créé la Manufacture roayle de tapisseries. Déjà, en 1598, il avait fait planter dans le bois de Boulogne 15000 mûriers apportés de Milan par un nommé Balbani.

Mais le génie austère du huguenot Sully, son premier ministre, s'accomodait mal de ces préoccupations :
"C'est de fer et de soldats que vous avez besoin, disait-il à son maître, et non de dentelles et soieries pour habiller les muguets"!

filet brodé en perles de verre